L’ACAPS : LE RAPPORT DE 2018 AUGURE D’UNE RÉFORME DOULOUREUSE DES RÉGIMES DE RETRAITE !

L’ ACAPS a publié son rapport sur le secteur de la prévoyance sociale au titre de l’année 2018. Un rapport accablant qui renforce le doute des affiliés.

Apres la prestation magistrale du premier président de la cour des comptes, tirant la sonnette d’alarme au sujet des régimes de retraite, le tour est à l’autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale. Dans son rapport, l’autorité affirme qu’à l’œil nu, la crise est à l’horizon. La reforme amorcée, sous l’ère de Benkirane qui a mis tout le monde en boite, constitue l’entrée. Pour le plat de résistance, il faut attendre les résultats de l’étude systémique qui tarde à sortir.

La capitalisation : une pure fiction

Le rapport de l’ACAPS s’est pourtant distingué par le fait qu’il a mis un terme à une fiction qui a toujours été liée aux retraites. Les assurances retraite ne sont plus des assurances de capitalisation mais de répartition. La fiction exigeait des caisses de pension de gérer en bon père de famille les cotisations et les fructifier pour servir leurs adhérents sous forme de rente viagère ou de capital à la date convenue. Dans le rapport, on traite de la baisse du rapport démographique passé de 6,3 actifs cotisants pour un retraité en 2017 à 5,6 en 2018. Les adhérents qui ont passé des berges à cotiser n’ont rien à cirer de la démographie.

retraite au Maroc
Les revenus des placements en détresse

Les déficits doivent être imputés à la performance limitée des choix opérés par les caisses de retraite en matière de placements ou encore aux restrictions imposées, en l’espèce, par les lois et règlements. En effet, en 2018 les produits financiers générés par les placements des régimes de base ont accusé une baisse de l’ordre de 9,20% par rapport à 2017. Les placements des régimes de retraite ont atteint 309,6 milliards de dirhams. Ils sont constitués à hauteur de 58,3% de valeurs de taux suivies par les actions et parts sociales et les dépôts en comptes indisponibles avec des parts respectives de 22,5% et 17,3%. Le rapport ne renseigne ni sur la conformité des placements par rapport aux engagements ni sur la conformité des placements par rapport à la structure et aux quotités prévues par la loi. Un tel avis aurait rassuré les affiliés.

Cotisation VS prestations

Dans le rapport, on avance également que la pérennité des régimes de retraite, reste globalement précaire et dénote de la sous tarification des droits accordés aux affiliés. Selon le même rapport, ce constat se manifeste à travers les taux élèvés des engagements non couverts. Ses derniers se chiffrent à 637,40 milliards de dirhams. Le rapport rappelle, pour le cas de la CNSS, qu’un affilié moyen perçoit un montant des prestations en valeur réelle correspondant à 2,3 fois le montant de ses cotisations. Cet indicateur est mis en lumière  pour mettre en avant la sous tarification des régimes de retraite. Bien que l’expression de « prestations en valeurs réelle » ne soit pas si claire, il est recommandé de déflater le montant des prestations ou  actualiser les cotisations avant de d’opérer toute arbitrage.

Assumez !

Inutile de rappeler que cette situation découle des travaux de projection et d’actuariat menés par des vieux de la vieille de l’assurance. Dans leurs calculs, ils intègrent toutes les variables et font appel à diverses tables. Il est intéressant de voir que les gens qui se moquent de la science fiction se fient aux actuaires et aux économètres. Il n’est pas question d’imputer la défaillance des régimes de retraite aux données exogènes : économie, démographie, marché financier ou autre. Et il est hors question de s’arrêter chaque fois pour modifier les conditions de vente parce que les caisses de retraite n’ont pas su comment placer leurs billets.

Regardant la situation à l’hexagone, un pays qui nous devance de loin, on ne sait pas dans quel plat sucré, les autorités comptent servir une réforme, sûrement, au goût amère.

Houssifi El Houssaine 5 février 2020 – EcoActu
Total
0
Shares
Previous Article

Une assurance maladie complémentaire pour les retraités de la CIMR

Next Article

AMO: les conclusions accablantes de Driss Jettou

Related Posts