CORONAVIRUS, MICRO-ASSURANCE : LES COMPAGNIES SUR LE BANC DES ACCUSÉS

La crise sanitaire du Coronavirus a mis à nu plusieurs défaillances en matière de protection sociale ainsi que les reports sine die des réformes à caractère social pour des raisons parfois infondées. Pour rendre à César ce qui appartient à César, il faut reconnaître que la responsabilité n’incombe pas uniquement aux politiques mais également aux opérateurs économiques.

En effet, une partie importante de la population à faible revenu travaillant dans l’économie souterraine se retrouve du jour au lendemain sans job à cause des effets dévastateurs de la pandémie. En l’absence des filets sociaux, cette population très vulnérable, se voit infliger brutalement les effets de l’Etat d’urgence sanitaire. Assurément, le Comité de veille économique n’a pas négligé cette population en mettant à sa disposition des ressources financières afin qu’elle puisse subvenir à ses besoins élémentaires durant cette période de confinement. Mais est-ce suffisant pour amortir le choc d’une privation d’activité ? Et si l’Etat d’urgence sanitaire se prolongeait ?

Au-delà de l’absence des filets sociaux dont pâtit notre système social, cette crise pandémique du Coronavirus remet également sur la table une autre réalité très embarrassante : des compagnies d’assurance qui, valeur aujourd’hui, ne commercialisent pas des produits en faveur de cette population.

Hormis une ou deux compagnies de la place qui commercialisent des produits de micro-assurance, les autres n’y voient  même pas l’intérêt. En cause, il s’agit de produits à des prix très raisonnables parce que la cible est une population vulnérable, dépourvue de moyens. Pourtant, la micro-assurance pourrait être un facteur d’amélioration du taux de pénétration de l’assurance au Maroc qui reste, malgré les propos ostentatoires de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale, assez bas (3,74%). Une faiblesse qui résulte essentiellement d’une offre disponible qui ne répond pas aux besoins des citoyens. C’est dire que les compagnies d’assurance n’innovent pas assez ou le font timidement.  Ces dernières se limitent souvent aux produits classiques.

Il y a quelques années, explique un assureur qui commercialise des produits de micro-assurance, on disait que cette couverture ne peut être rentable parce qu’il s’agit de petites primes. « Après un test pilote, le management a complètement changé d’avis. Aujourd’hui, il se retrouve avec un ratio combiné de 50% grâce à la mutualisation et à la vente de masse. Les autres compagnies doivent faire de même. A juste titre, il est utile de rappeler que faute de produits (micro-assurance) adaptés, une convention actant une forte baisse des primes d’assurance “décès/invalidité totale-emprunteur“ a été signée entre BAM, le GPBM, la FMSAR et l’ACAPS pour accompagner le Programme Intelaka, lancé sous les hautes directives du Souverain.

D’après les statistiques, dans le monde et même dans des pays africains, l’assurance inclusive est rentable. Pourquoi ? « Tout simplement parce que ce sont des produits adaptés aux besoins de la population », explique notre assureur. Aussi, pour réussir ce chantier social d’envergure, est-il du devoir du régulateur de promouvoir l’accès d’une large frange de la population aux services de l’assurance par le biais d’une réglementation favorable, une supervision efficace et souple qui encourage l’inclusion financière.

Quid des plus structurés ?

En ce qui concerne les entreprises, il existe trois types de couvertures : l’assurance-annulation, l’assurance-pertes d’exploitation et l’assurance-crédit, mais à condition que le contrat ait été souscrit avant la reconnaissance de la pandémie. Ce sont généralement les grandes entreprises ou multinationales qui souscrivent à ce type de risques. Nous autres PME-TPE ont la tête dans le guidon tellement elles sont malmenées par des difficultés liées au problème de financement, au manque de débouchés, à la trésorerie… Bref à tous les vents contraires qui soufflent. Autrement dit, consacrer tout un budget à un risque qui pourrait ne pas survenir, c’est vraiment le dernier souci de cette frange importante (soit 95%) du tissu économique national.

Tout ce qui précède laisse entrevoir que le Maroc a du pain sur la planche. Il semble que le Royaume est en phase de lancement opérationnel d’un projet d’extension vers les secteurs informels et non-salariés. Un projet prometteur pour renforcer la résilience de la population. Puisse cette crise à la fois sanitaire, économique et sociale accélérer les projets en suspend et les rendre opérationnels !

Soubha Es-siari 1 avril 2020 – EcoActu

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