État, banques et assurances lancent en chœur un chantier révolutionnaire

Les jeunes entrepreneurs doivent s’en donner à cœur joie. Le Programme intégré d’appui et de financement des entreprises initié par l’État en partenariat avec les banques et assureurs est venu leur faciliter l’accès au financement avec à la clé des crédits à des taux jamais appliqués et un accompagnement sur-mesure. Doté de 8 milliards de DH, le programme doit favoriser la création annuelle d’environ 27.000 nouveaux postes d’emplois et l’accompagnement de 13.500 entreprises.

Le 27 janvier 2020. Une date à marquer d’une pierre blanche pour les TPME et jeunes entrepreneurs. Le Souverain présidait, ce jour, la cérémonie de présentation du Programme intégré d’appui et de financement des entreprises et de signature des conventions y afférentes. Le programme, baptisé «Intelaka», s’articule autour de trois principaux axes : le financement de l’entrepreneuriat, la coordination des actions d’appui et d’accompagnement de l’entrepreneuriat dans les régions et l’inclusion financière des populations rurales. Il renferme toute une batterie de mesures destinées à contenir et à dépasser les difficultés qui entravent l’accès au financement des jeunes porteurs de projets et des très petites et petites entreprises. Le programme est doté d’un compte d’affectation spéciale baptisé «Fonds d’appui au financement de l’entrepreneuriat» créé dans le cadre de la loi de Finances 2020. Ce fonds est doté d’une enveloppe de 6 milliards de dirhams répartie sur une durée de 3 ans et financée à parts égales par l’État et le secteur bancaire. Le fonds, qui mobilise d’importantes ressources financières, bénéficiera principalement aux jeunes porteurs de projets et aux petites et moyennes entreprises. Objectif, leur permettre d’accéder au financement, outre le soutien des entreprises actives dans le domaine de l’export. Il est venu aussi favoriser une intégration économique et professionnelle des travailleurs du secteur informel. Il s’agit, selon l’argentier du Royaume, Mohammed Benchaâboun, d’un nouveau cadre incitatif et intégré, basé sur des dispositifs de garantie, de financement, de capital investissement et d’assistance technique, mis en place au profit des très petites entreprises, des petites et moyennes entreprises, des jeunes porteurs de projets et jeunes entreprises innovantes et des auto-entrepreneurs, outre la révision et l’amélioration de l’appui destiné aux entreprises exportatrices, notamment en direction de l’Afrique. Le département des Finances adoptera, en collaboration avec Bank Al-Maghrib et le secteur bancaire, une approche davantage volontariste, notamment en termes de simplification des procédures, de facilitation des conditions de garanties en éliminant les garanties personnelles, et de réduction des coûts des crédits. Résultats attendus : la création annuelle d’environ 27.000 nouveaux postes d’emplois et l’accompagnement de 13.500 entreprises supplémentaires.

Refinancement des banques : 

le premier appel d’offres pour avril


Pour fluidifier le dispositif, la Banque centrale a adopté un ensemble de mesures notamment la mise en place d’un mécanisme de refinancement illimité de tous les crédits bancaires accordés aux catégories cibles, qu’ils s’agissent de crédits de fonctionnement ou d’investissement. Ce mécanisme de refinancement bénéficiera également aux financements adressés au secteur agricole et aux projets réalisés en milieu rural. Le programme intégré offre un taux d’intérêt préférentiel de 1,25% dans le cadre du mécanisme de refinancement des banques des catégories cibles, soit 100 points de moins que le taux directeur de Bank Al-Maghrib et la réduction des exigences en fonds propres dans le cadre des règles de précaution appliquées aux banques en ce qui concerne les crédits qu’elles accordent à ces catégories. Le premier appel d’offres pour le refinancement est prévu en avril prochain.

Le secteur bancaire joue un rôle central dans la réussite de ce programme en s’engageant à ce que les produits offerts aux jeunes entrepreneurs soient simples d’accès et d’utilisation, grâce à des procédures allégées de constitution et de garantie, bénéficiant d’une gratuité, au départ, des frais de constitution des dossiers ainsi que de faibles taux d’intérêt, grâce au taux de refinancement privilégié consenti aux banques par la Banque centrale. L’engagement des banques est, également, que les délais de réponse aux entrepreneurs ne dépassent pas trois semaines et soient d’autant plus facilités que les banques se voient confier par la Caisse Centrale de Garantie la délégation d’octroi de garantie pouvant atteindre jusqu’à 80% du montant du crédit. Notons qu’au montant des 6 milliards de DH, s’ajoutent les 2 milliards du Fonds Hassan II destinés au monde rural, soit le quart du montant global du fonds. L’objectif étant d’obtenir des taux encore plus préférentiels pour ce segment. Au total, ces 8 milliards de DH serviront de levier en apportant des garanties pour un total de financement estimé entre 50 et 60 milliards de DH de crédits sur la durée du programme. Le secteur bancaire a plafonné à 2% le taux d’intérêt, soit le plus bas niveau jamais appliqué au Maroc. Pour le monde rural, les crédits sont assortis d’un taux de 1,75%. 

De premiers dossiers de crédit traités et autorisés

Selon le président du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), Othman Benjelloun, le programme «Intelaka» a suscité un véritable engouement auprès des jeunes entrepreneurs. Et des dossiers de crédit ont été traités et même autorisés. 

Les premiers produits du programme ont été mis sur le marché dès le 4 février et depuis c’est la course. Les conventions entre les banques et la Caisse Centrale de Garantie pour leurs mise en œuvre et opérationnalisation ont été signées le 3 février, à Rabat. Ces produits portent sur trois offres : deux produits de garantie et un pour le financement.

Pour le volet garantie, le premier produit «Damane Intelak» cible les auto-entrepreneurs, les porteurs de projets et les TPE. Le second, «Damane Intelak Al Moustatmir Al Qarawi», est destiné aux petites exploitations agricoles, les TPE, les porteurs de projets et les auto-entrepreneurs du monde rural. Pour ces deux produits, la garantie couvre jusqu’à 80% du crédit plafonné à 1,2 million de DH. Concernant le produit de financement «Start-TPE», il propose une avance remboursable après une franchise de 5 ans, sans intérêts et sans exigence de sûretés, à destination des TPE, porteurs de projet et auto-entrepreneurs. Ce prêt d’honneur atteint 20% maximum du crédit garanti dans la limite de 50.000 DH. «En gros, ce programme cible près d’un million de personnes : 300.000 TPE et 600.000 porteurs de projet», soulignait le ministre de l’Économie, des finances et de la réforme de l’Administration lors de la cérémonie de signature des conventions, en présence notamment de Abdellatif Jouahri, wali de Bank-Al Maghrib, de Mohamed El Kettani, vice-président du GPBM, et de Dounia Taarji, présidente du Fonds Hassan II pour le développement économique et social.

Les assureurs s’engagent aussi 

Le secteur des assurances apporte également sa pierre à l’édifice. Il s’engage à appliquer un taux de prime maximum de 0,10% hors taxe par an calculé sur le capital restant dû pour les crédits du programme «Intelaka». De leur côté, les banques s’engagent à renoncer à la commission d’acquisition au titre de contrats d’assurance «Décès/Invalidité totale-Emprunteur». Le dispositif engagé par les assureurs a fait l’objet d’une convention signée, le 13 février, par Mohamed Benchaâboun, Abdellatif Jouahri, Hassan Boubrik, président de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS), Mohamed Hassan Bensalah, président de la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance (FMSAR) et le Groupement professionnel des banques du Maroc.

Saïd Naoumi Saïd Naoumi

LEMATIN.ma

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