Le changement climatique va faire flamber le coût des assurances

Avec le changement climatique, la multiplication des catastrophes naturelles risque d’entraîner des coûts supplémentaires pour les assureurs. Le montant des primes pourrait être multiplié par deux ou trois d’ici à 2050.

Les États-Unis sont-ils un cas d’école pour préparer les assureurs européens à ce qui les attend ? En Californie, les feux ravageurs de 2017-2018 ont coûté aux compagnies d’assurances 24 milliards de dollars. Un chiffre qu’ils ont répercuté sur leurs clients. Et pour les assurés les plus à risques, ils ont refusé de continuer à les couvrir : 350 000 assurés californiens se sont vus refuser le renouvellement de leur contrat dans les zones à haut risque d’incendie entre 2015 et 2019, rapporte l’agence américaine Associated Press.

En juillet 2021, Ernst Rauch, responsable climat chez le réassureur Munich Re, a également averti après les inondations qui ont fait 191 morts en Allemagne et en Belgique : « Les primes de risque du marché doivent être équilibrées avec le risque sous-jacent ». En clair : cela signifie que les primes devraient augmenter dans les deux prochaines années.

Multiplication des coûts

Dans son dernier rapport paru le 9 août, le Giec, groupe d’experts sur le climat de l’ONU, prévoit dans tous ses scénarios le dépassement du seuil de 1,5 °C dans les dix ou vingt prochaines années.

Ce réchauffement entraînera une augmentation de la fréquence des sécheresses, inondations et risques de submersion côtière liés à l’augmentation du niveau de la mer. Certaines zones autrefois épargnées pourraient désormais être touchées par des épisodes extrêmes. L’impact sera lourd pour la collectivité, mais aussi pour les assureurs : d’ici à 2050, le coût des sinistres liés aux aléas climatiques pourrait être multiplié par un facteur de deux à cinq, a estimé l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution. En mai 2021, celle-ci a publié un exercice de simulation, réalisé à partir du « pire » scénario du Giec (RCP 8.5).

Effet de rattrapage

Les principaux assureurs français ont participé à l’exercice. Résultat de la simulation : les primes d’assurances seraient multipliées par deux à trois d’ici à 2050. Soit entre 2,8 % et 3,7 % d’augmentation par an, en prenant l’hypothèse d’un lissage progressif.

Les disparités territoriales sont fortes : les primes d’assurances liées aux sécheresses dans le Pas-de-Calais ou en Bretagne pourraient exploser. Les hausses seraient plus modérées dans des régions du centre de la France. En cause : un effet de « rattrapage » de certaines régions, jusque-là peu touchées, où les primes étaient historiquement plutôt basses.

Cette hausse potentielle des prix viendrait du régime de catastrophe naturelle. En France, les assureurs privés doivent obligatoirement couvrir les particuliers pour ces aléas. Cela passe par une surprime de 12 % sur l’assurance « multirisques habitation », dont une partie est versée au Fonds Barnier, chargé d’indemniser les victimes de catastrophes. Dans leur simulation, les auteurs de l’étude ont imaginé que cette surprime passerait de 12 % à 18 % pour faire face à la « demande » croissante liée au changement climatique.

Prévention

Pour Franck Le Vallois, directeur général de la Fédération de l’assurance, ce régime de catastrophe naturelle français garantira que les assureurs et l’État parviendront à absorber le coût croissant des sinistres : « C’est une singularité française, conçue pour offrir une couverture pérenne et généralisée à un prix abordable. »

Il préfère ne pas s’exprimer sur l’évolution de ces primes. « Plutôt que d’envisager une augmentation des tarifs, les assureurs préfèrent avant tout privilégier la prévention », poursuit Franck Le Vallois. Encourager le développement de plans de prévention communaux ou inondations, par exemple.

  • Camille Richir,

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