Un vaste système de manipulation de dossiers d’accidents a été démantelé à Rabat, impliquant plusieurs professionnels, dont une avocate désormais incarcérée. Une affaire qui secoue le barreau et fragilise la confiance dans les procédures d’indemnisation.
L’affaire fait grand bruit à Rabat. Une avocate du barreau de la capitale a été placée en détention à la prison d’El Arjat dans le cadre d’un scandale de fraude à l’assurance mis au jour par les enquêteurs de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ). Elle est poursuivie aux côtés de plusieurs individus, dont son assistante, deux médecins, un ambulancier et d’autres personnes, soupçonnées d’avoir participé à un réseau organisé de manipulation de dossiers d’accidents de la route.
Lors d’une récente audience devant la Chambre correctionnelle du tribunal de première instance de Rabat, le bâtonnier Aziz Rouibeh est intervenu personnellement contre sa consœur. L’Ordre des avocats s’est constitué partie civile dans cette affaire, dénonçant les atteintes graves portées à l’institution du barreau. Dans les procès-verbaux d’audition, l’avocate aurait accusé le bâtonnier d’avoir incité ses propres clients à se retourner contre elle.
Selon Me Rouibeh, de nombreuses plaintes de clients dénonçant des retards dans le reversement de fonds ont été enregistrées. Certains se sont regroupés pour défendre collectivement leurs intérêts. L’Ordre a alors jugé indispensable d’agir, tant sur le plan éthique que judiciaire. Il a été révélé que l’avocate aurait encaissé près de 80 millions de dirhams en dépôts sur une période de deux ans et demi, sans en restituer une partie à ses clients.
Les audiences ont également permis d’entendre les autres accusés. L’ambulancier a nié toute responsabilité, affirmant ne pas connaître l’origine exacte de sa fortune apparente. Les deux médecins, mis en cause pour la délivrance présumée de faux certificats médicaux, rejettent également les accusations, se disant étrangers à toute opération frauduleuse. Pourtant, les enquêteurs disposent de preuves accablantes, selon des sources proches du dossier.
Ce dossier remonte à mars dernier, lorsque les équipes de la BNPJ ont lancé une opération qui a abouti au démantèlement du réseau. Au total, quatre personnes, dont l’avocate et son assistante, ont été placées en détention, tandis que d’autres suspects, notamment deux praticiens et un agent de la Protection civile, comparaissent en liberté provisoire.
Cette affaire met en lumière les dérives potentielles dans la gestion des dossiers d’assurance au Maroc, avec des ramifications juridiques, déontologiques et financières. Elle relance le débat sur la transparence, la régulation et la responsabilité dans le traitement des sinistres liés aux accidents.
212assurances – 15 mai 2025