Assurance au Maroc : Analyse des placements au 1er trimestre 2025, une croissance maîtrisée dans un contexte dynamique

Au premier trimestre 2025, le secteur de l’assurance au Maroc affiche une croissance maîtrisée avec une hausse de 1,3% des placements, dominés par les actifs de taux et les actions. Cette dynamique reflète la résilience du marché malgré les défis liés à la fraude et à la transformation technologique.
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Le secteur de l’assurance au Maroc continue d’afficher une dynamique intéressante en ce début d’année 2025. Les résultats du premier trimestre, publiés récemment par l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS), révèlent une évolution modérée mais stable des placements réalisés par les compagnies d’assurance. Ces chiffres traduisent à la fois une prudence dans la gestion des actifs et une diversification progressive des portefeuilles. Cet article décrypte ces données clés, en mettant en lumière les tendances majeures, les évolutions sectorielles et les perspectives pour les mois à venir.

1. Un portefeuille global en légère progression : +1,3 % au premier trimestre 2025

Au 31 mars 2025, le total des placements réalisés par les assureurs marocains s’élève à 222,758 milliards de dirhams, soit une hausse modérée de 1,3 % par rapport à décembre 2024. Cette croissance traduit une gestion prudente dans un contexte économique marqué par des incertitudes internationales, notamment liées aux tensions géopolitiques et aux fluctuations des marchés financiers mondiaux.

Cette progression globale masque cependant des évolutions contrastées selon les catégories d’actifs. Les compagnies d’assurance privilégient toujours les actifs à revenus fixes, qui représentent la majeure partie du portefeuille, tout en maintenant une exposition mesurée aux actions et aux placements immobiliers.

2. Les actifs à taux : pilier stable mais avec des mouvements différenciés

Les actifs à taux constituent le cœur des placements des assureurs, avec un total de 106,194 milliards de dirhams, en hausse de 1,2 % sur le trimestre. Cette catégorie regroupe plusieurs sous-postes aux évolutions contrastées :

  • Titres cotés (-11,6 %) : Cette baisse significative reflète une prise de bénéfices ou un recentrage des portefeuilles, dans un contexte où les marchés boursiers marocains ont connu une volatilité accrue ces derniers mois. Les assureurs semblent privilégier la réduction des risques liés à la fluctuation des titres cotés.
  • Titres non cotés (+1,8 %) : À l’inverse, les titres non cotés progressent, témoignant d’un intérêt accru pour des actifs moins exposés à la volatilité des marchés publics, mais offrant des rendements potentiellement plus stables à moyen terme.
  • Actions et parts des OPCVM à revenus fixes (+0,6 %) : Cette légère hausse traduit une diversification prudente vers des fonds spécialisés, permettant de mutualiser les risques tout en conservant une orientation sécuritaire.
  • Dépôts en comptes indisponibles (+15,8 %) : Cette forte progression illustre une stratégie de sécurisation des liquidités, probablement en réponse à un environnement incertain, où les assureurs préfèrent maintenir une réserve de trésorerie facilement mobilisable.
  • Reste du poste obligations, bons et titres de créances négociables (-1,7 %) : Une légère baisse qui peut s’expliquer par des arbitrages en faveur d’autres classes d’actifs.

Concernant les placements immobiliers, ils stagnent à 12,767 milliards de dirhams, avec une baisse marginale de 0,3 %. Les OPCI (Organismes de Placement Collectif en Immobilier), qui représentent plus de la moitié de ces placements, restent stables à 7,103 milliards, signe d’une gestion prudente face aux incertitudes du marché immobilier marocain.

3. Actions et autres actifs : une progression modérée mais encourageante

Le segment des actifs d’actions enregistre une progression de 1,4 % à 95,042 milliards de dirhams. Cette hausse est portée principalement par :

  • Actions non cotées (+2,5 %) et titres de participation (+2,1 %) : Ces hausses montrent un intérêt accru pour les investissements dans des entreprises non cotées, souvent perçues comme des opportunités de croissance à moyen terme.
  • Actions et parts des autres OPCVM (+3,3 %) : Cette augmentation traduit une diversification vers des fonds communs de placement offrant une gestion professionnelle et mutualisée.
  • Actions cotées (+0,1 %) : Une quasi-stabilité qui confirme la prudence des assureurs face à la volatilité des marchés.

À noter toutefois une baisse de 4,8 % dans le poste « reste du poste actions et parts sociales », qui peut correspondre à des désinvestissements dans des actifs jugés moins performants ou moins liquides.

Les autres actifs, dont les prêts et effets assimilés, les placements affectés aux contrats en unités de compte (UC), et les dépôts auprès des cédantes, affichent des évolutions diverses mais globalement positives, avec une progression notable de 9,4 % des placements en UC, signe d’une montée en puissance de ces produits liés à la gestion d’actifs plus dynamiques.

Conclusion : Un secteur en quête d’équilibre entre sécurité et diversification

Les résultats du premier trimestre 2025 du secteur de l’assurance au Maroc illustrent une gestion équilibrée des placements, mêlant prudence et diversification. La légère croissance globale de 1,3 % masque des mouvements internes importants, notamment une réduction des titres cotés au profit d’actifs non cotés et de liquidités sécurisées.

Cette stratégie reflète une volonté des assureurs de se prémunir contre les risques liés à la volatilité des marchés financiers tout en cherchant des opportunités de rendement dans des segments moins traditionnels. La stagnation des placements immobiliers témoigne d’une prudence face aux incertitudes du marché immobilier local.

Selon Karim El Fassi, expert fictif en gestion d’actifs et assurance :
« Le secteur marocain de l’assurance montre une maturité croissante dans sa gestion des placements. En combinant sécurité et diversification, les compagnies d’assurance préparent le terrain pour une croissance durable, capable de résister aux chocs économiques tout en saisissant les opportunités d’investissement. »

En somme, le premier trimestre 2025 confirme la solidité du secteur assurantiel marocain, qui reste un acteur clé du financement de l’économie nationale, tout en s’adaptant aux défis d’un environnement financier en constante évolution.


Tableau récapitulatif des placements au 1er trimestre 2025 (en millions de dirhams)
Catégorie de placementsMontant (M MAD)Évolution vs Déc. 2024
Placements immobiliers12 767,1-0,3 %
dont OPCI7 102,70,0 %
Actifs de taux106 194,4+1,2 %
– Titres cotés1 826,8-11,6 %
– Titres non cotés48 516,7+1,8 %
– Certificats sukuks0,0
– Actions et parts des OPCVM à revenus fixes50 498,5+0,6 %
– Dépôts en comptes indisponibles3 019,6+15,8 %
– Reste du poste Obligations, Bons et Titres de créances2 332,8-1,7 %
Actifs d’actions95 042,2+1,4 %
– Actions cotées50 171,0+0,1 %
– Actions non cotées14 263,2+2,5 %
– Titres de participation1 745,9+2,1 %
– Actions et parts des autres OPCVM28 320,1+3,3 %
– Reste du poste Actions et Parts Sociales541,9-4,8 %
Reste des actifs8 754,4+3,5 %
– Prêts et effets assimilés2 240,9-0,9 %
Placements affectés aux contrats en UC3 509,9+9,4 %
Dépôts auprès des cédantes812,8+0,6 %
Autres placements2 190,8+0,6 %
Total222 758,1+1,3 %

Ce panorama des placements du secteur de l’assurance au Maroc au premier trimestre 2025 offre un éclairage précieux pour les investisseurs, les assurés et les acteurs économiques, témoignant d’un secteur en pleine évolution, alliant rigueur et innovation.

212assurances – 29 mai 2025

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