Le système de retraite marocain est confronté à une crise majeure avec un épuisement imminent de ses réserves financières dès 2030, selon les projections récentes du Conseil supérieur de la protection sociale (CSPS) et du Comité de Coordination et de Surveillance des Risques systémiques (CCSRS). Le régime des pensions civiles, géré par la Caisse marocaine des retraites (CMR), sera le premier à atteindre ce seuil critique, suivi par les régimes de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), du Régime complémentaire des administrations publiques (RCAR) et des pensions militaires.
Cette situation alarmante s’explique par des déficits techniques structurels persistants dans les régimes publics, aggravés par le vieillissement démographique et l’augmentation des besoins de financement. Dès 2028, ces besoins vont s’intensifier pour atteindre un pic estimé à 63 milliards de dirhams en 2045, ce qui met en péril la pérennité du système actuel.
Face à ces défis, le gouvernement marocain a relancé un dossier de réforme systémique, jugée impérative pour éviter un effondrement du système de retraite. Cette réforme vise à instaurer un système bicéphale, composé de deux pôles distincts : un pôle public regroupant la CMR et le RCAR, et un pôle privé centré autour de la CNSS. Cette organisation devrait permettre une meilleure gestion des ressources et une répartition plus équilibrée des risques.
Parmi les mesures envisagées figurent un rééquilibrage de la tarification, notamment par le relèvement des taux de cotisation, ainsi que des ajustements paramétriques progressifs. L’objectif est de garantir la soutenabilité financière des régimes tout en préservant les droits des futurs retraités. La réforme devra également prendre en compte les spécificités de chaque régime et viser un élargissement de la couverture sociale pour inclure davantage de catégories de travailleurs.
Pour préparer cette transformation, le gouvernement s’appuie sur les recommandations du Comité de pilotage de la réforme des retraites et a mis en place des groupes de travail techniques depuis mars 2025. Ces groupes évaluent différents scénarios de convergence entre les régimes existants afin de proposer une réforme progressive et inclusive, adaptée aux réalités économiques et sociales du pays.
En résumé, le système de retraite marocain est à un tournant critique. Sans réforme profonde et rapide, les réserves des régimes publics seront épuisées dès 2030, menaçant la stabilité financière et la protection sociale des retraités. Le gouvernement, conscient de ces enjeux, prépare une réforme ambitieuse visant à assurer la pérennité du système et à renforcer la solidarité intergénérationnelle dans un contexte de mutation démographique et économique.
