Lors de la 9ᵉ Rencontre annuelle de la FNACAM, tenue le 8 octobre 2025 à Casablanca, le président de l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS), Abderrahim Chaffai, a livré un discours fort sur les transformations du secteur.
Appelant à “protéger avant de vendre, conseiller avant de calculer”, il a rappelé la vocation humaine de l’assurance et la nécessité d’un encadrement responsable de l’intelligence artificielle. Entre innovation, protection et responsabilité, son message trace la voie d’un marché assurantiel marocain plus équitable et durable.
Un rendez-vous clé pour le secteur assurantiel marocain
La 9ᵉ Rencontre annuelle de la FNACAM a réuni, à Casablanca, les dirigeants, experts et acteurs de l’écosystème assurantiel.
Sous le thème « Les assurances obligatoires et l’intermédiaire d’assurance face à l’intelligence artificielle », cette édition a exploré les enjeux liés à la digitalisation, à l’éthique et à la relation client.
Le président de l’ACAPS, Abderrahim Chaffai, a ouvert la rencontre par un discours d’orientation stratégique et humaniste.
“Il s’agit de protéger et d’accompagner avant de vendre, et de conseiller avant de calculer”, a-t-il déclaré d’un ton ferme, salué par l’audience.

Assurance obligatoire : un pilier de la protection citoyenne
Pour Abderrahim Chaffai, les assurances obligatoires sont bien plus qu’une exigence légale :
“Elles incarnent la solidarité et la responsabilité, deux fondements d’une économie moderne.”
Le président de l’ACAPS a souligné la vocation première du secteur : protéger les individus, les entreprises et les biens face aux aléas de la vie.
Il a également rappelé l’importance de renforcer la culture de la prévention et de garantir une protection universelle, notamment avec le futur projet d’assurance multirisque habitation (MRH), appelé à devenir obligatoire.

Un marché en croissance, mais encore inégal
Abderrahim Chaffai a rappelé les performances remarquables du secteur :
- 59 milliards de dirhams de chiffre d’affaires en 2024 (+5,1 %)
- 34,9 milliards de DH au premier semestre 2025 (+7 %)
Malgré ces progrès, le taux de pénétration (3,7 %) reste inférieur au potentiel du marché.
“Notre ambition est d’élargir durablement l’accès à l’assurance et de réduire le gap de protection entre les besoins réels et la couverture effective des citoyens”, a précisé M. Chaffai.
Selon lui, la croissance durable du marché viendra avant tout du terrain, de la qualité du conseil et de la proximité avec les assurés.

Une dépendance structurelle aux assurances obligatoires
Abderrahim Chaffai a également attiré l’attention sur un enjeu clé : la forte dépendance du marché aux assurances obligatoires.
Celles-ci représentent aujourd’hui 26,7 % du total des primes émises et près de 49 % du portefeuille non-vie.
Elles constituent plus de 40 % de la production totale des intermédiaires, un chiffre qui grimpe à près de 70 % pour les agents d’assurance, contre 21,7 % pour les courtiers.
“Cette concentration révèle une réalité structurelle : une part importante de l’activité du marché reste dépendante des assurances obligatoires. Il est temps de diversifier les produits, les services et les canaux de distribution pour stimuler l’innovation et renforcer l’inclusion financière”, a averti le président de l’ACAPS.
Il a rappelé que le projet de refonte du Livre IV du Code des assurances, actuellement en discussion avancée avec le ministère de l’Économie et des Finances, vise justement à corriger ces déséquilibres et à valoriser le rôle des intermédiaires.
Intelligence artificielle : un levier d’innovation encadrée
L’intelligence artificielle (IA) s’impose comme une révolution pour l’assurance marocaine.
Elle permet de personnaliser les offres, d’accélérer les indemnisations et de détecter les fraudes grâce à l’analyse prédictive.
Mais le président de l’ACAPS appelle à la prudence :
“L’intelligence artificielle doit être encadrée avec discernement pour servir l’intérêt des assurés et renforcer la crédibilité du secteur.”
Dans cette optique, l’ACAPS déploie un dispositif digital de contrôle fondé sur l’IA, destiné à surveiller les ventes en ligne et les publicités d’assurance diffusées sur les sites, applications et réseaux sociaux.
Cette solution permettra de détecter automatiquement les contenus non conformes, les acteurs non agréés et les publicités trompeuses.
Lire plus : ACAPS 2025: Un contrôle digital renforcé pour encadrer la vente en ligne des produits d’assurance
Réformes en cours et nouveaux chantiers de l’ACAPS
Abderrahim Chaffai a également annoncé plusieurs projets structurants :
- La refonte du Livre IV du Code des assurances, visant à renforcer la compétence des intermédiaires et à moderniser la régulation.
- Le programme Émergence, réunissant compagnies, insurtechs et experts pour stimuler l’innovation.
- La dématérialisation de l’attestation d’assurance automobile via QR Code sécurisé, attendue prochainement.
- La plateforme EDUCAPS, dédiée à l’éducation financière et assurantielle, pour renforcer la culture du grand public.
“Ces projets traduisent notre volonté d’un marché plus transparent, plus inclusif et plus innovant”, a souligné M. Chaffai.
“Innover avec responsabilité, protéger avec équité, servir avec confiance”
En conclusion, Abderrahim Chaffai a livré un message inspirant, résumant l’esprit de sa vision :
“L’avenir de notre secteur se construira autour d’une ambition partagée : innover avec responsabilité, protéger avec équité et servir avec confiance.”
Ce discours a marqué les esprits, rappelant que le véritable moteur du marché reste l’humain : celui qui conseille, protège et inspire la confiance.