Les jeux envahissent l’assurance

Assurance et jeux. Qui ne placerait pas ces deux concepts aux antipodes ? Difficile a priori de concilier l’image austère et rigide affublée à l’assurance avec les principes d’intuition et d’ouverture propre à la création ludique. Le mélange des concepts a pourtant abouti à une production féconde dépassant les clichés. Retour sur les principales réalisations issues de ce mariage surprenant.

game of lifeLa présence de l’assurance dans le jeu prend plusieurs formes. D’abord dans les jeux de salon (parlour gaming) où l’aspect aléatoire de l’assurance se joint habilement au facteur chance propre à la nature du jeu. On la retrouve dans les jeux à but promotionnel (advert gaming) ou dans ceux à caractère éducatif (serious gaming).

Les jeux vidéo (video gaming) permettent quant à eux, grâce à leur pouvoir d’immersion, de plonger le joueur dans certaines niches de métier comme l’expertise sinistre.

L’assurance et les jeux de salon

L’apparition de l’assurance dans le jeu n’est pas un concept moderne. Le jeu Game Of Life, plus connu sous le nom de Life, reprend à son compte les principes de l’assurance depuis sa version de 1960. Ce best-seller créé en 1860 et écoulé à plus de 35 millions d’exemplaires, fait l’objet de constantes mises à jour pour intégrer les évolutions de la société.

The Game of Life fait partie, aux côtés des legos et du Monopoly, des 63 jeux inscrits au National Toy Hall of Fame aux États-Unis. Life simule le parcours de vie d’une personne en partant du collège jusqu’à l’âge de la retraite en passant par les étapes du mariage, du travail et de la naissance des enfants.

Chaque joueur dispose d’un pion qu’il avance le long d’un chemin comportant un nombre de cases tirées au hasard. Le pion dispose en outre de six encoches au départ, celles-ci se remplissant au fur et à mesure que le joueur se marie, a des enfants, etc.

Des cases dédiées du plateau réalisent ces objectifs lorsque le pion y est déposé. Les autres déclenchent des événements bonus (comme l’activation d’une assurance vie) ou des malus (comme les sinistres) qui handicapent ou non le joueur selon qu’il ait souscrit ou non une police vie, automobile ou habitation.

Le succès de Life n’a pas simplement permis à la culture de l’assurance de se diffuser au sein des communautés de joueurs, il est également source d’inspiration.

Le jeu de cartes INSURED, récemment financé sur la plate-forme Kickstarter se base également sur des événements aléatoires pour influer sur le déroulement des parties. Ceux-ci sont déclenchés en tirant des cartes au hasard plutôt qu’en avançant un pion.

A chaque tour, les joueurs achètent les uns après les autres, contre un certain nombre de pièces, une carte matérialisant une protection contre des éléments physiques donnés (feu, eau,…). Une carte événement provoquant le cataclysme d’éléments physiques est ensuite tirée au hasard.

Le nombre de points perdus ou gagnés par chaque joueur dépend de son niveau de protection contre les éléments et des caractéristiques spécifiques au personnage choisi en début de partie.

L’assurance et les jeux vidéo

return of the obra dinnAucun titre n’illustre mieux que Return of the Obra Dinn (littéralement «Le Retour de l’Obra Dinn») la souplesse permise par le jeu vidéo pour aborder un thème aussi complexe que l’assurance.

Dans Return of the Obra Dinn, le joueur incarne un expert sinistres de la Compagnie Britannique des Indes Orientales, chargé d’inspecter les restes de l’Obra Dinn, un navire anglais perdu lors de son périple vers l’Afrique du Sud et ce, afin d’élucider la disparition de son équipage.

Pour résoudre l’enquête, le joueur dispose d’une montre à gousset lui permettant de revivre les scènes dépeignant la mort des différents protagonistes au cours du voyage. L’objectif du joueur est d’établir à partir de raisonnements déductifs l’identité des corps retrouvés et de consigner l’hypothèse de leur décès dans le livre d’enquête.

La fin du jeu propose de conclure l’investigation en attribuant aux proches bénéficiaires des primes ou des amendes selon le comportement des membres de l’équipage lors du voyage.

La casquette d’assureur prêtée au personnage principal offre au titre un cadre dénué d’empathie et de considération manichéenne. Le ressort de l’assurance permet in fine un traitement plus profond des thèmes abordés, comme celui de la déflagration du lien social.

Return of the Obra Dinn, qui se décrit lui-même comme «une aventure en couleurs minimales sur le thème des assurances», se distingue par son esthétique monochrome et la qualité de sa narration.

Bien que classé dans la catégorie des indépendants, le jeu est considéré comme l’une des meilleures sorties de 2018. Il rafle de nombreux prix aux concours internationaux et surclasse la plupart des superproductions de l’année.

23/06/2020 – Accueil

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