Les risques majeurs mondiaux de sinistralité en assurance maritime

Malgré les efforts fournis ces dernières années en termes de sécurité dans le secteur maritime, des risques majeurs apparaissent et en empirent la sinistralité.

C’est une étude menée par Allianz Global Corporate & Specialty (AGCS) qui en apporte des conclusions empiriques. Incendies et explosions sont les causes les plus coûteuses au niveau des sinistres déclarés.

D’après l’analyse effectuée par AGCS, ce sont plus de 240 000 demandes d’indemnisation, s’élevant à quelque 9,2 milliards d’euros, sur les cinq dernières années. Les incendies ont représenté 18 % du montant des demandes d’indemnisation analysées (environ 1,65 milliard d’euros) sur la période close le 31 décembre 2021, contre 13 % sur la période de cinq ans se terminant en juillet 2018. Plusieurs raisons sont à dénombrer. Marchandises dangereuses faussement déclarées, ou non déclarées, baisse de la qualité de formation du personnel navigant face à une technologie évolutive et non maîtrisée dans les salles des machines.

Incendies et Batteries lithium-ion, premières causes de sinistralité

On évoque également les batteries lithium-ion, sur véhicules électriques, qui sont mal stockées ou manipulées. Les feux de batteries lithium-ion et de véhicules électriques sont plus violents et difficiles à éteindre. Ils peuvent reprendre spontanément plusieurs heures, voire plusieurs jours après leur extinction. La plupart des navires ne disposent pas d’une protection anti-incendie appropriée. Face aux difficultés rencontrées pour éteindre les feux de batterie en mer, les entreprises doivent axer leur action sur la prévention des sinistres.

« Les pertes de navires ont diminué de plus de moitié dans la dernière décennie (54 navires perdus de plus de 100 tonnes brutes à la fin 2021, contre 127 à la fin 2012), selon le rapport sur la sécurité maritime 2022 d’AGCS. Les incendies à bord des navires restent cependant le problème de sécurité numéro un dans le secteur maritime. Les dangers provoqués par le transport de batteries lithium-ion qui ne seraient pas stockées ou manipulées correctement ne font qu’ajouter à cette préoccupation. De fait, nous avons déjà constaté un certain nombre d’incidents », indique le capitaine Rahul Khanna, directeur mondial du conseil en risques maritimes chez AGCS.

Inflation : 2ème cause qui induit une sinistralité

La flambée de l’inflation, qui atteint près de 10 % dans de nombreux pays, renforce les tendances contribuant à la gravité des sinistres, comme la taille croissante des navires et les questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). La hausse des prix de l’acier, des pièces détachées et de la main-d’œuvre influe également sur les coûts des sinistres corps et bris de machines.

Les feux, les collisions et les naufrages sont les principales causes de sinistres maritimes en montant d’indemnisation. Plusieurs incidents coûteux sont survenus ces dernières années. Les accidents impliquant de grands porte-conteneurs et rouliers sont particulièrement onéreux. La hausse des frais de sauvetage et d’enlèvement d’épave, augmentent les tarifs d’indemnisation. Par exemple, le Costa Concordia, échoué sur les côtes Italiennes entre 2012 et 2014, a coûté plus de 1,3 milliards de dollars.

Ainsi, l’inflation aggrave le problème de l’augmentation des valeurs à risque. De plus, la hausse de la demande de transport a provoqué une augmentation significative de la valeur des navires. Selon Clarkson Research Services, la valeur combinée de la flotte marchande mondiale s’est accrue de 26 %, pour atteindre 1 200 milliards de dollars en 2021[9]. L’IUMI souligne également que la valeur totale des navires assurés a fortement augmenté en 2021, avec une hausse du prix des porte-conteneurs de plus de 35 %.

Les sinistres sur facultés

Les dommages aux marchandises, survenus notamment lors de la manutention et du stockage, sont la première cause de sinistres maritimes en fréquence et la troisième cause en montant d’indemnisation sur les cinq dernières années, selon l’analyse d’AGCS. Mais ces dernières années, plusieurs sinistres importants, dus à des vols ou à des variations de température ont également été enregistrés.

Les bandes organisées ciblent les produits électroniques grand public et les marchandises de grande valeur comme le cuivre. Les cargaisons sont généralement volées dans les ports et les entrepôts, ou pendant les opérations de transit, par des hommes armés ou de faux dockers.

Le marché de l’assurance a également réglé d’importants sinistres liés à des variations de température et à des incendies concernant des cargaisons de produits pharmaceutiques, indique Régis Broudin, directeur mondial Assurance maritimes chez AGCS. « La valeur des cargaisons a sensiblement augmenté l’année dernière. Récemment, un feu de camion a détruit une cargaison estimée à 73 millions de dollars, lors d’un seul transport. Cette tendance préoccupe les équipes de souscription d’assurances maritimes. »

L’impact persistant des expositions et des perturbations sur la chaîne d’approvisionnement

Ces dernières années, le transport maritime a été exposé aux risques élevés de perturbation de la chaîne d’approvisionnement. Les incidents maritimes, les catastrophes naturelles, les cyber-attaques et la pandémie de Covid-19 ont provoqué d’importants retards d’expédition. La saturation des ports, la pénurie de main-d’œuvre et la capacité limitée en conteneurs ont également entraîné des perturbations.

Climat et sinistralité

Le changement climatique va avoir de plus en plus d’impact sur la sinistralité maritime, en raison des événements météorologiques extrêmes et des nouvelles expositions liées à la transition vers la neutralité carbone.

Selon l’analyse d’AGCS, les catastrophes naturelles sont déjà la cinquième cause de sinistres maritimes en fréquence et en gravité sur la période de cinq ans se terminant en décembre 2021. Les événements climatiques extrêmes ont contribué à plusieurs grands sinistres, avec pertes de navires et dommages aux marchandises. Sur la seule année 2021, ils ont contribué au minimum à 25 % des pertes totales de navires. En 2022, la sécheresse frappant l’Europe a de nouveau perturbé le trafic sur le Rhin, empêchant la circulation à pleine charge de nombreux navires sur cette route fluviale européenne essentielle. Aux États-Unis, de nombreuses barges se sont échouées dans le cours inférieur du Mississippi. Le niveau des voies navigables n’avait pas été aussi bas depuis des décennies. Les répercussions sont importantes sur un des moyens les plus rentables d’acheminer les produits de base, tels que les céréales, sur le marché mondial.

212assurances – 23 novembre 2023

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