La fraude à l’assurance face à l’essor des technologies: entre diversification des méthodes et riposte numérique

L’essor des technologies de retouche photo, notamment grâce à l’intelligence artificielle, permet à certains fraudeurs de falsifier des images de véhicules endommagés afin d’obtenir des indemnisations frauduleuses. Cette méthode a connu une augmentation de 300% entre 2022 et 2023, poussant les compagnies d’assurance à renforcer leurs contrôles et outils de détection numérique
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Le secteur de l’assurance est confronté à une montée en puissance des fraudes, qui se diversifient et gagnent en sophistication grâce aux nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle (IA). Faux documents, images générées par IA, sinistres fictifs ou exagérations de préjudices : les escrocs redoublent d’ingéniosité, poussant les assureurs à renforcer leurs dispositifs de détection et de prévention.

Des fraudes de plus en plus complexes et numériques

L’intelligence artificielle est devenue un outil à double tranchant. Si elle aide les assureurs à mieux détecter les fraudes, elle est aussi exploitée par les fraudeurs pour créer de faux documents hyperréalistes. Par exemple, générer en quelques clics une facture ou un ticket de caisse fictif pour appuyer une demande d’indemnisation est désormais à la portée de tous grâce à des plateformes comme ChatGPT. Ces faux documents, plus vrais que nature, sont utilisés pour simuler des sinistres – cambriolages, accidents ou dégâts matériels – qui n’ont jamais eu lieu ou pour gonfler artificiellement les montants réclamés.

Les sinistres fictifs, où l’assuré déclare un dommage inexistant, ou les sinistres volontaires, où il cause lui-même un dommage, restent des pratiques courantes. À cela s’ajoutent des falsifications d’attestations, de relevés d’information ou des omissions volontaires sur les circonstances d’un sinistre, destinées à obtenir des primes plus avantageuses ou des indemnisations indues.

Les conséquences juridiques et financières

Ces pratiques frauduleuses ne sont pas sans risques pour les auteurs. En France, la production et l’usage de faux documents dans le cadre d’une assurance sont punis de peines pouvant aller jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende. Au-delà des sanctions pénales, la fraude pèse lourdement sur l’ensemble du secteur, représentant jusqu’à 2 % du montant des primes annuelles, un coût qui se répercute inévitablement sur les assurés honnêtes.

Les outils technologiques au service de la lutte contre la fraude

Face à cette menace grandissante, les compagnies d’assurance investissent massivement dans des technologies avancées. L’intelligence artificielle, combinée à l’analyse prédictive et au big data, permet d’examiner en temps réel des milliers de dossiers, de détecter des incohérences dans les déclarations et d’identifier des comportements suspects. Par exemple, en comparant automatiquement des images d’un véhicule avant et après un sinistre, l’IA peut repérer des manipulations numériques ou des changements dissimulés, détectant ainsi des fraudes invisibles à l’œil humain.

L’Internet des objets (IoT) joue également un rôle clé, notamment avec les dispositifs connectés dans les voitures qui fournissent des données précises sur les habitudes de conduite, aidant à vérifier la véracité des déclarations. Le croisement de multiples sources d’information, y compris les réseaux sociaux, enrichit les bases de données des assureurs et améliore la fiabilité des analyses.

Une coopération renforcée et des mesures réglementaires

La lutte contre la fraude à l’assurance ne peut se faire isolément. Elle nécessite une coordination étroite entre assureurs, autorités de régulation, forces de l’ordre et instances judiciaires. Des plateformes de partage d’informations entre acteurs du marché sont mises en place pour échanger des données sur les risques et les comportements frauduleux. Des séminaires, formations et campagnes de sensibilisation sont également organisés pour renforcer la vigilance collective.

Par ailleurs, des mesures réglementaires, telles que l’instauration de délais de carence pour la validité des polices ou la certification des sites officiels d’assureurs, visent à limiter les fraudes liées à la souscription de contrats en ligne et à la vente de fausses polices.

IA Vs IA

La fraude à l’assurance, alimentée par la sophistication des outils numériques, représente un défi majeur pour le secteur. Entre faux documents générés par IA, sinistres fictifs et exagérations, les fraudeurs exploitent toutes les failles possibles. En réponse, les assureurs déploient des technologies de pointe et renforcent leur coopération avec les autorités pour protéger les assurés honnêtes et préserver la viabilité du système. L’intelligence artificielle, paradoxalement, devient ainsi à la fois un allié précieux dans la détection des fraudes et un nouveau terrain de bataille contre les escroqueries à l’ère numérique.

212assurances – 12 mai 2025

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