Bachir Baddou, Président Délégué de la Fédération Marocaine de l’Assurance, Vice-Président Délégué du Comité Maritime des Assureurs Marocains, du Bureau Central Marocain d’Assurance et PDG de la CAT, s’exprime sur les enjeux de l’intelligence artificielle dans le secteur de l’assurance, à l’occasion de la 11e édition d’un événement dédié aux professionnels du domaine. Enthousiaste et lucide, il invite à adopter l’IA avec rigueur, responsabilité et vision stratégique.
Un rendez-vous désormais incontournable pour le secteur
Présent lors de la 11e édition de ce rendez-vous devenu emblématique pour les assureurs marocains, Bachir Baddou souligne la dynamique du secteur. Cette régularité témoigne d’un engagement durable à faire progresser la profession, en particulier face aux grands défis numériques.
L’intelligence artificielle, une révolution pour l’assurance
La thématique centrale de cette année : l’intelligence artificielle (IA), avec un titre phare: « Nouvelles Technologies et IA, Quelles opportunités pour l’Assurance ? ». Pour Bachir Baddou, ce choix est plus est plus que pertinent :
« L’intelligence artificielle, on en parle partout : dans la vie quotidienne, à l’école, à l’université, à l’hôpital, dans l’industrie pharmaceutique… forcément, le secteur de l’assurance aussi. »
Mais l’assurance, selon lui, a une relation particulière avec la data qui en fait un terrain fertile pour l’IA :
« On manipule énormément de données. L’IA se prête très bien à l’analyse rapide de la data. Elle génère des résultats efficaces et elle s’adapte à de nombreux usages. »
Parmi ces usages, il cite notamment :
- L’analyse de chocs en assurance automobile
- La détection de fraudes
- La relation client grâce aux chatbots
« Le champ des possibles est infini avec l’intelligence artificielle. »
Protection des données : un impératif non négociable
Face aux inquiétudes sur l’utilisation des données personnelles, Bachir Baddou se veut rassurant mais exigeant :
« Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent que l’IA est dangereuse. L’IA ne crée pas la data, elle l’analyse. C’est à nous de la protéger, comme on l’a toujours fait. »
Il reconnaît néanmoins que la vitesse des investissements technologiques peut parfois compromettre la sécurité :
« On va très vite. Peut-être qu’on n’est pas toujours suffisamment regardants sur la protection de nos systèmes, ce qui ouvre des failles pour les hackers. »
L’alerte est claire : il faut verrouiller les systèmes et renforcer la cybersécurité, d’autant plus que l’IA est aussi utilisée par les cybercriminels :
« Même les gens malintentionnés vont commencer à utiliser l’IA pour trouver des failles. »
L’IA au service de l’efficacité professionnelle
Au-delà des enjeux macro, Bachir Baddou partage son usage personnel et quotidien de l’intelligence artificielle. Il évoque Colibri (nom donné à son IA favorite), avec laquelle il interagit régulièrement :
« Je m’amuse avec l’IA. Je l’utilise, et je trouve vraiment qu’elle nous permet d’augmenter notre efficacité et notre rapidité. »
Il explique qu’il l’emploie pour :
- Traduire des documents professionnels
- Rédiger des réponses
- Chercher de l’information
- Réaliser des benchmarks
« Je suis vice-président de la Global Federation, tout se passe en anglais. Je reçois un document, je balance à l’IA, elle me traduit. Je lui demande de me préparer une réponse en français, je vérifie, je valide, elle retraduit. C’est formidable. »
Et demain ? Une IA encore plus intelligente ?
À la question d’éventuelles annonces ou innovations à venir dans le domaine de l’IA appliquée à l’assurance, Bachir Baddou répond avec humour :
« Non, je n’ai pas encore trouvé la bonne IA qui peut me projeter à deux ou trois ans… »
Mais il reste en veille, et continue à explorer les capacités croissantes des outils disponibles :
« Quelqu’un m’a dit que Colibri parlait darija. Je ne le croyais pas. J’ai testé : elle m’a répondu ! C’est incroyable. »
Adopter l’IA avec lucidité et engagement
Pour Bachir Baddou, l’intelligence artificielle représente une avancée majeure, à condition d’en faire un usage éthique et maîtrisé :
« L’intelligence artificielle n’est pas une menace. C’est un formidable outil. C’est à nous de définir le cadre dans lequel elle évolue. »
Dans un secteur où la vitesse, la précision et la confiance sont essentielles, il appelle à intégrer l’IA avec méthode, tout en renforçant la sécurité et en gardant l’humain au cœur de la transformation digitale.
212assurances – 17 avril 2025