À l’occasion de l’Africa Financial Industry Summit (AFIS 2025), tenu à Casablanca, Mamadou Koné, Directeur Général de SanlamAllianz Côte d’Ivoire Assurances, Président de l’ASA-CI et candidat à la présidence de la FANAF, s’est confié au micro de 212 Assurances en partenariat avec 225 Assurances.
Dans cet entretien exclusif, il partage sa vision d’une Afrique souveraine, capable de mobiliser sa propre épargne pour financer son développement.
Il évoque aussi la nécessité de réformes institutionnelles et financières profondes, la digitalisation du marché ivoirien de l’assurance, et l’importance d’une intégration régionale accélérée pour bâtir une économie africaine forte, unie et indépendante.
« Le temps de l’action est arrivé »
Dès le début de l’entretien, Mamadou Koné affirme :
« L’Afrique dispose de milliards de dollars d’épargne. Il est temps de mobiliser cette richesse intérieure et de la diriger vers nos économies. Le temps de l’action est arrivé. »
Pour lui, la thématique de l’AFIS 2025 – Mobiliser le capital domestique pour financer la croissance africaine – arrive à un moment décisif.
En effet, le continent doit désormais s’affirmer sur la scène internationale en assumant son indépendance financière.
« S’affirmer au niveau international, c’est aussi assurer notre indépendance financière vis-à-vis des bailleurs de fonds. Nous devons apprendre à compter sur nos propres ressources. »
Selon lui, l’Afrique détient les moyens de son développement, encore faut-il les orienter correctement.
L’assurance-vie et les fonds de pension : piliers de la souveraineté financière
Pour Mamadou Koné, les compagnies d’assurance-vie, les fonds de pension et les caisses de retraite représentent des leviers essentiels.
« Les instruments que nous avons pour mobiliser l’épargne à long terme, ce sont les assurances-vie et les fonds de pension. C’est notre responsabilité de démontrer leur rôle stratégique dans le développement de l’Afrique. »
Cependant, ces institutions doivent être accompagnées par des réformes structurelles fortes.
Selon lui, il est urgent de moderniser le cadre fiscal, réglementaire et institutionnel afin de permettre à cette épargne locale de financer les projets nationaux.
« Nos PME ont besoin d’une épargne patiente, capable d’attendre la maturation de leurs projets. La dette, à court terme, n’a pas permis leur épanouissement. »
Ainsi, les compagnies d’assurance deviennent de véritables agents de développement.
L’intégration financière africaine : un impératif pour la croissance
Pour que cette épargne puisse circuler librement, l’intégration régionale est indispensable.
« Aujourd’hui, nos marchés financiers sont fragmentés. Nos bourses sont peu intégrées, nos réglementations trop disparates. »
Selon lui, harmoniser les régulations et supprimer les barrières à la circulation des capitaux est une priorité absolue.
De plus, il appelle à faciliter les transferts de capitaux intra-africains afin de créer une finance souveraine et véritablement panafricaine.
« Si nous voulons que l’épargne collectée soit rentable et utile, nous devons travailler à une intégration économique et financière accélérée. »
Grâce à une coopération accrue, l’Afrique peut réduire sa dépendance aux capitaux étrangers et développer une croissance autonome.
Le marché ivoirien : un modèle de transformation collective
Revenant sur le marché ivoirien, Mamadou Koné souligne les avancées notables.
La Côte d’Ivoire se distingue par sa digitalisation accélérée et ses réformes collaboratives entre assureurs.
« En Côte d’Ivoire, nous avons compris que les solutions individuelles ne suffisent plus. Il faut des réformes collectives, des solutions d’écosystème, pour restaurer la crédibilité du secteur. »
Cette approche vise d’abord les branches les plus sensibles : l’assurance automobile et l’assurance santé.
Ces segments concentrent de nombreux acteurs externes (garagistes, cliniques, pharmacies), souvent à l’origine d’incohérences.
En interconnectant ces parties prenantes, le marché crée désormais une chaîne de valeur plus transparente et performante.
Digitalisation et intelligence artificielle : les nouveaux moteurs de l’assurance
« Nous lançons la digitalisation des attestations d’assurance automobile, le e-constat, et connectons toutes les parties prenantes de l’assurance santé à un identifiant unique. »
Cette interconnexion, rendue possible grâce à l’intelligence artificielle, marque un tournant historique.
Elle permet d’unifier les données, d’améliorer la qualité des services et de renforcer la confiance entre assureurs et assurés.
« Grâce à la data commune et à l’IA, nous ouvrons un nouvel âge pour le développement de l’assurance en Côte d’Ivoire. »
Désormais, le secteur s’inscrit dans une logique d’innovation durable et de transformation digitale maîtrisée.
En résumé
L’intervention de Mamadou Koné à l’AFIS 2025 met en avant plusieurs points essentiels :
- La mobilisation de l’épargne africaine comme levier de souveraineté.
- La nécessité de réformes institutionnelles et financières fortes.
- L’importance d’une intégration économique régionale accélérée.
- Et enfin, la digitalisation de l’assurance comme pilier de modernisation.
« L’Afrique a les moyens de son développement. Il faut simplement y croire, réformer et agir. »
Une conviction forte qui résume l’esprit de ce leader : pragmatique, confiant et profondément engagé pour l’avenir de l’assurance africaine.
212assurances – Le site d’information N°1 de l’Assurance au Maroc et en Afrique 09 novembre 2025
