Tiers payant, AMO, ménages…Qui paye quoi dans le secteur de la santé au Maroc

Le Conseil de la concurrence vient de livrer un avis sur les cliniques privées au Maroc, l’occasion pour nous de revenir sur le financement des soins au Maroc.

Les paiements effectués par les organismes d’assurance maladie aux prestataires de soins dans le cadre du tiers payant, s’élevaient à près de 7,2 milliards de dirhams en 2018 contre 4,3 milliards de dirhams en 2013, soit une augmentation de 68,3%. Les chiffres de 2018 étant pour le moment les derniers chiffres fiabilisés du secteur.

Les cliniques privées à but lucratif ou non lucratif accaparent l’essentiel de ces paiements, avec une part qui s’établit à 61,4% des paiements de l’AMO en tiers payant (58% pour les cliniques privées et 3,6% pour les cliniques mutualistes et CNSS) contre 8,4% pour les hôpitaux (y compris les CHU), même si elles ne représentent que 33,6% de l’offre hospitalière nationale.

Selon le conseil de la concurrence, les cliniques privées représentent 17,9% des dépenses directes des ménages qui sont des dépenses OOP (out of Pocket) et non remboursables, contre 6,9% pour les hôpitaux publics (y compris les CHU).

Selon les données de l’ANAM, les prestataires du secteur privé continuent à drainer la plus grande part des dépenses des organismes d’AMO effectuées en mode tiers payant. Ces dernières s’élèvent à 89,2% chez les assurés de la CNOPS et à 93,7% chez les assurés de la CNSS.

S’agissant des dossiers remboursés dans le cadre du tiers payant, la part restant à la charge des assurés est de 16,4% et 5,4%, respectivement pour les secteurs privé et public.

Qui paye quoi dans la santé – 212assurances
Evolution des dépenses de santé

Les derniers comptes nationaux de la santé (CNS, 2018) montrent en outre que sur une période de 20 ans, les dépenses totales de santé (DTS) ont augmenté plus de quatre fois en passant de 15 milliards de dirhams en 1998 à 60,9 milliards de dirhams en 2018. La dépense courante de santé y constitue 97% (59,1 milliards de dirhams) contre 3% d’investissement en capital. La dépense totale de santé par habitant a connu la même évolution que les DTS et a atteint 1730 de dirhams en 2018. Mais elle demeure faible, comparativement à d’autres pays puisqu’elle ne représente que 489 $ international per capita contre 1171 en Turquie, 912 en Tunisie et 614 en Égypte. Par ailleurs, la part du PIB consacrée à la santé s’inscrit dans une tendance baissière, s’établissant à 5,5% en 2018 contre 5,8% en 2013 et 6,2% en 2010. Ceci indique que le financement de la santé ne bénéficie pas du rythme de la croissance économique que connaît le Maroc.

Outre son insuffisance, le financement de la santé au Maroc souffre de l’importance du poids relatif du financement par les ménages qui constitue toujours la première source de financement de la santé au Maroc. En 2018, la contribution directe des ménages représentait 45,6% des DTS contre 50,7% en 2013, soit une baisse de près de 5 points. Malgré son repli, cette part demeure encore très élevée par rapport à des pays comparables et au regard du risque d’exposition aux dépenses d’appauvrissement et aux dépenses de santé catastrophiques situées par l’organisation mondiale de la santé (OMS) au seuil de 20%.

Après les ménages, l’AMO représente le deuxième financeur de la santé au Maroc, avec une part de 29,3% des dépenses totales de santé (17,9 milliards de dirhams), en progression de 6,9 points par rapport à 2013.

Quant à la part de la contribution de l’État dans le financement de la santé à travers les ressources fiscales, elle reste quasiment inchangée autour de 24-25% depuis les premiers comptes nationaux de la santé de 1998. Bien qu’elle ne représente que 29,3% du financement de la santé, l’AMO couvre 40,6% de la population marocaine (estimée à 35,2 millions d’habitants), soit 14,3 millions de bénéficiaires contre 13,1 millions en 2013. L’effectif des adhérents à la CNOPS, à la CNSS, aux Caisses internes et mutuelles et aux entreprises d’assurance privée est de l’ordre de 6,02 millions de personnes, soit 51% de la population active occupée âgée de plus de 15 ans.

212assurances – 12 décembre 2022

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