Ecologie et Assurance: il y a de l’orage dans l’air ?

En écologie, le concept d’empreinte carbone est-il applicable au monde de l’assurance, de la finance et des banques ? Ces dernières ont développé elles-mêmes des méthodes de comptabilisation du carbone. Mais elles sont contestées et jugées défectueuses par les défenseurs du tout éolien.

« Il est plus facile de couper des têtes que de les entretenir » – Alexandre Soljénitsyne

En fait, pour certains mouvements de pensée corporatistes verts, il semblerait plus simple d’imposer leur modèle à tous et de manière uniforme. La pensée unique paraît plus simple à gérer, surtout sur de sujets fortement passionnels comme l’écologie.

Alors, ouvrons le débat, et « entretenons les têtes ». Ainsi, pour évaluer l’impact sur le climat, des banques, de la finance et des assurances, on se doit de mettre en place des méthodes spécifiques. En effet, comme pour les autres entreprises, il ne s’agit pas de calculer les émissions de CO2 de leur consommation de carburant ou d’énergie (scope 1 et 2) ni même celle de leurs fournisseurs (scope 3). Non, il faut plutôt calculer ce qu’on appelle les « émissions financées » ou « émissions assurées », c’est-à-dire les émissions de CO2 qui ont été rendues possibles grâce aux financements ou assurances et prêts accordés. Par exemple, si une banque finance un constructeur de SUV, elle contribue aux émissions de CO2 de ce constructeur.

Ainsi, suivant ce modèle, la principale responsabilité climatique des secteurs de la banque, de la finance et de l’assurance résiderait dans les émissions générées par les activités qu’ils financent ou assurent. Afin de contribuer à la transition écologique, il est donc essentiel que les acteurs de ces secteurs évaluent l’impact de leurs activités sur le développement d’activités polluantes ou, au contraire, durables. Ils sont d’ailleurs de plus en plus contraints par la réglementation, telle que le SFDR en Europe, qui les oblige à déclarer leur empreinte carbone. Pour rappel, La SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) est une réglementation qui vise à promouvoir la durabilité dans le secteur de la finance en Europe.

Des méthodes de comptabilisation du carbone à redéfinir ?

Le problème réside dans la difficulté de mesurer de manière précise les émissions financées ou assurées. Par exemple, si une banque finance une centrale électrique au charbon, est-elle entièrement responsable de toutes les émissions de cette centrale ? Dans ce cas, l’entreprise propriétaire de l’usine ne serait-elle pas responsable de ces émissions ? De plus, que dire des clients qui consomment l’électricité produite par cette centrale ? Les émissions doivent-elles être comptabilisées deux ou trois fois ? De même, lorsqu’un investisseur finance un projet immobilier, doit-il être tenu responsable des émissions liées à la construction du parc, y compris la production de matériaux, ou seulement des émissions liées à l’utilisation des bâtiments ?

Il est donc difficile d’obtenir une précision absolue, ce qui rend complexe l’élaboration de stratégies visant à réduire l’impact carbone du secteur, selon les professionnels du domaine.

Des méthodes d’auto-évaluation jugées impartiales par les « tout-vert » ?

En réaction, les acteurs de la banque, de la finance et de l’assurance ont créé des alliances et des organisations sectorielles pour évaluer leur impact carbone face à la complexité de la tâche. Ces alliances visent à mobiliser les parties prenantes pour définir des engagements climatiques, notamment la neutralité carbone, et développer des méthodologies de calcul des émissions financées. Parmi les programmes les plus connus figurent le PCAF (Partnership for Carbon Accounting Financials), le GHG Protocol (Greenhouse Gas Protocol) et le TCFD (Task Force on Climate Related Financial Disclosure), qui sont gérés par des acteurs du secteur financier pour apporter un gage de sérieux au reporting et aux stratégies climat des acteurs concernés.

Ces normes sont remises en cause par les lobbies écologistes. Les initiatives de calcul d’impact carbone créées et financées par les acteurs du secteur de la banque, de la finance et de l’assurance ont une approche jugée « minimaliste » par ces adeptes du « tout-vert ». Selon les méthodologies telles que le PCAF, les banques ne sont pas tenues de calculer les émissions de portée 3 des activités qu’elles financent, ce qui peut aboutir à une sous-évaluation significative de l’impact carbone. Par exemple, une banque peut financer un projet immobilier sans prendre en compte les émissions liées à la production des matériaux nécessaires à la construction, qui représentent pourtant la majeure partie de l’impact climatique de l’immobilier. De même, une compagnie d’assurance peut assurer une infrastructure de production d’énergie fossile sans inclure les émissions de portée 3 dans le calcul de ses propres émissions.

Le secteur de la banque, de la finance et de l’assurance a également choisi une méthode de calcul simplifiée pour le “facteur d’attribution” des émissions, qui détermine la part de responsabilité de l’institution financière ou de l’assureur dans les émissions annuelles d’un projet financé. Cette méthode, utilisée par le PCAF, permet aux institutions financières de n’être responsables que d’une petite partie des émissions de carbone des projets qu’elles financent. De même, les assureurs peuvent ne prendre en compte qu’une faible proportion des émissions de leurs clients, même si ces derniers ne pourraient pas fonctionner sans leur couverture. En exemple, une entreprise de combustibles fossiles a un chiffre d’affaires annuel de 100 millions de dollars avec des primes d’assurance de 1 million de dollars. Auquel cas, les assureurs n’incluraient dans leurs émissions que 1 % des émissions de l’entreprise.

Pour conclure, gardons la tête froide

Ainsi, d’après toutes ces approches, on peut imaginer que les rapports « banque, finance, assurance » avec le monde de l’écologie, ne sont pas au beau fixe. Rappelons certaines initiatives concrètes, comme « l’assurance verte ». Cette dernière est tout simplement une couverture qui tient compte du faible niveau de pollution de la voiture ou de la moto, certaines compagnies se basent ainsi, par exemple, sur la pastille Crit’Air pour déterminer si le véhicule peut être concerné par l’assurance verte. En fait, quelques soient les initiatives, face à ce « climat passionnel » pour lutter contre les effets de serre, cela ne sera jamais suffisant pour certaines ONG écologistes internationales. Là aussi, tout semble monter en température …

François Olivier Edime – 212assurances – 07 mai 2023

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