L’expertise en assurance fait partie de ces métiers en évolutions. 212assurances s’est posé la question de savoir si le métier est vraiment intéressant. Pour ce faire, le témoignage d’un expert a appuyé la rédaction de cet article.
L’expert traite de la partie matérielle du sinistre, et non la partie corporelle, qui elle est expertisée par un médecin. L’expertise est un élément préparatif de preuve pour régler un sinistre pour le tribunal. Pour l’assureur, c’est LE document référent pour régler le sinistre. Ce métier est donc un rouage incontournable en accompagnement de la mission d’assureur. Il est une pierre angulaire de l’assureur pour gérer l’objet du contrat qui lie l’assureur et l’assuré.
Un cabinet d’expertise peut regrouper une équipe de 120 personnes pour les plus grands cabinets, c’est donc aussi un métier de management.
Dans les familles de type d’expertises, on retrouve les risques matériels, tels que les risques liés à l’automobile, ceux liés aux risques divers, à l’incendie, le maritime, et/ou les risques industriels.
Plusieurs types d’experts en assurance
- Expert préalable : Il estime au préalable les biens à assurer et la valeur d’assurance à y attribuer. Il accompagne aussi leur client sur le conseil pour avoir des biens assurables. Par exemple, conseiller sur la mise en place d’extincteurs à tels ou tels endroits sur le site à assurer. Il travaille pour les assurés, avant accident. Le rapport remis par cet expert à l’assureur permet d’avoir une prime adaptée au sinistre éventuel, et de respecter la règle proportionnelle définie dans le rapport. Cette règle proportionnelle est applicable aussi bien à la valeur qu’à celle du risque.
- Expert assermenté ou judiciaire nommé par les tribunaux : Il a les autorisations et compétences pour évaluer des dommages. Ses écrits sont reconnus devant une juridiction. Il intervient en dernier recours, après épuisement des voies amiables, si celles -ci n’ont pu avoir une issue reconnue par toutes les parties.
- Expert agréé par les compagnies : Il correspond plus au cahier de charge des assureurs, et respecte ces cahiers de charge. Il intervient après sinistre à la demande de la compagnie, en tant que partenaire de l’assureur pour répondre à ses besoins. Il y a un contrat de collaboration entre l’assureur et ces structures d’expertise. Les compétences de cet expert ne se limitent pas au chiffrage d’un sinistre, mais aussi à la capacité de communication avec l’assuré et de son accueil en représentativité de la compagnie. Car l’expert fait partie de la chaîne SAV de l’assureur avec un ensemble de prestations, à la hauteur des exigences de l’assureur. Cela implique donc un professionnalisme, une déontologie et une éthique respectable.
- Expert de l’assuré : Il intervient après rapport du sinistre remis par l’expert agréé à l’assuré. Or, si l’assuré conteste ce rapport, il peut se tourner vers son expert pour mettre en balance son propre rapport.
- Expert Arbitre : Il intervient en arbitrage entre la compagnie et l’assuré, quand ces derniers ne sont pas d’accord sur le montant de l’indemnité, et que chacun fournit son rapport d’expertise. Chaque partie campe sur la décision de son rapport, auquel cas, on désigne un expert arbitre pour trancher le sujet, et donner un avis final pour les 2 parties. Cet expert arbitre, dans sa conclusion, annihile les rapports antérieurs. Nous sommes à ce stade dans une procédure amiable. Une liste d’experts arbitres est établie par l’ensemble des compagnies et la Fédération, qui vont donc reconnaître ces experts pour leur capacité d’arbitrage. Cela représente 30 à 40 experts pour l’automobile sur le Maroc. Il n’existe par contre qu’une dizaine d’experts pour le maritime.
Les métiers au sein du cabinet d’expertise
Les études à faire pour être expert : Il n’y a pas d’école ou d’universités pour être expert judiciaire ou agréé. Pour être expert judiciaire, il est demandé au minimum un diplôme d’ingénieur d’Etat marocain, ou équivalent passé à l’étranger. L’ancienneté est aussi importante pour avoir le titre d’expert judiciaire. Pour expert agréé, il faut être un bon technicien avec de l’expérience.
Pour un expert agrée, ce métier génère de l’emploi, car nécessite toute une chaîne de compétences au sein du cabinet d’expertise. Les postes occupés passent par l’accueil, physique ou téléphonique. Ensuite, on trouve les gestionnaires et aides-gestionnaires qui reçoivent les missions. Puis, on passe au personnel sur la plateforme qui reçoit les nouvelles missions des différentes compagnies. C’est à ce stade que le cabinet contacte les assurés pour commencer à gérer le sinistre. On nomme donc un expert terrain qui va venir évaluer le sinistre. Ces experts terrain sont des intervenants techniciens qui ont les compétences « Expert ». Ils sont répartis sur des zones attitrées pour rencontrer les assurés sinistrés. Ils sont en lien à distance avec la plateforme pour transmettre leur rapport. Ensuite, 50 % du métier est attribué au chiffrage du sinistre. Cela comprend comme charge une estimation préalable, et pour des sinistres supérieurs à 3000 Dirhams, cela implique la réception des devis de réparation, et la rédaction éventuelle de l’accord. Ceci est fait pat le Comité de chiffrage des techniciens spécialisés, qui eux disposent de la base de données de tous les prix pour indemnisation. Ces techniciens ont contact avec les réparateurs et les fournisseurs de pièces détachées, et l’assureur conseil. Interviennent également d’autres postes au sein du cabinet, comme par exemple, le juridique, de la comptabilité, les finances, la gestion des ressources humaines, services archivages …
Les revenus : Les tranches de revenu varient entre 4000 et 15000 à 18000 dirhams bruts, pour les salariés. Les salaires des postes de direction sont à la discrétion de l’équipe dirigeante, comme pour toute entreprise.
En conclusion
En off, et en discussion avec ce professionnel qui a pris le temps de répondre à nos questions, les qualités du métier sont l’indépendance, la neutralité, et la technicité toujours à actualiser et à mettre à jour. En contrepartie, les points négatifs concernent certains assurés qui ont un mauvais comportement pour en « toucher plus », mais aussi certains réparateurs trop gourmands, et également les cas de fraude qui sont à gérer.
Quoiqu’il en soit, c’est un métier passionnant et très riche dans ses missions. C’est un métier très noble qui apporte des opportunités professionnelles de postes … Un métier à recommander car il fait partie de ces métiers d’avenir.
François Olivier Edime – 212assurances – 06 août 2023
