Le Lloyd’s, historique assureur londonien, vient de se faire rattraper par son passé. Le fer de la « marchandisation », de 12,5 millions d’Africains envoyés de force de l’autre côté de l’Atlantique au XVII siècle, laisse un arrière goût amer dans les bouches contemporaines.
Il est certes facile de refaire l’histoire avec des codes sociétaux qui ont évolué. Mais force est d’admettre que la Lloyd’s est incriminée ce jour par Black Beyond Data, basé à l’Université (américaine) Johns Hopkins, pour son passé jugé peu glorieux.
Son crime ?
Son crime est d’avoir été engagé dans la traite transatlantique, en ayant assuré les bateaux qui transportaient les esclaves entre l’Afrique et l’Amérique. Les recherches menées par Black Beyond Data « montrent clairement que Lloyd’s a joué un rôle important dans la mise en place de la traite et de l’économie transatlantiques des esclaves », selon un communiqué paru début novembre par la Lloyd’s qui reconnait le caractère sombre de son histoire. Et de rajouter: « Notre institution historique a fait partie d’un réseau sophistiqué d’activités et d’intérêts financiers qui ont rendu ces activités possibles ». Lloyd’s of London avait déjà demandé pardon en 2020 pour cette « période jugée épouvantable et honteuse ». Entre temps, les descendants américains d’esclaves noirs envisagent de poursuivre le Lloyd’s pour son implication reconnue.
Réparations
Le marché de l’assurance Lloyd’s of London, assume son rôle passé et fait un mea-culpa. Il affirme vouloir dépenser plusieurs dizaines de millions de livres dans la lutte contre les inégalités raciales après ces révélations pointant son « rôle important » passé. Des millions vont être injectés pour réparer les fautes du passé.
Lloyd’s lance donc « Inclusive Futures », un programme de 52 millions de Livres (60 millions d’euros) pour « une série d’interventions actives couvrant le recrutement, la recherche, les investissements, et les dons caritatifs s’étalant sur la prochaine décennie et au-delà ». Ces mesures visant à réduire les inégalités raciales, sont jugées comme infinitésimales par Kehinde Andrews, professeur spécialiste des questions touchant à la diaspora africaine à l’université de Birmingham City. Des réparations directes auraient été plus appréciées. Ainsi on comprendra bien que ce sujet, Ô combien sensible, fait couler beaucoup d’encre.
Conclusion
La question que se pose 212assurances est de savoir s’il est légitime d’incriminer une institution pour son passé de plus de 300 ans, alors que leurs responsables d’aujourd’hui n’ont pas les mains entachées de sang, mais sont vilipendés, car ils portent le titre de la Lloyd’s. De plus, comment peut-on, toujours 300 ans plus tard, juger des faits qui étaient perçus comme normaux dans la société de l’époque… Allez, allons attaquer les philosophes grecs antiques qui possédaient des esclaves … et la société de l’époque ne trouvait rien à redire d’une situation jugée normale.
François Olivier Edime – 212assurances – 13 décembre 2023