Les salariés assurés bientôt rattachés à l’AMO: Une musique qui sonne faux pour le secteur de l’assurance

Les salariés bénéficiant d’une couverture médicale via les compagnies d’assurances vont bientôt être intégrés à l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO).

Un projet de décret est en cours de discussion et devrait prochainement être soumis au législatif. Cette transformation suscite donc de grandes inquiétudes chez les professionnels du secteur des assurances. La mise en œuvre de ce projet, prévue depuis près de 20 ans, est considérée comme un impératif pour accélérer la généralisation de la couverture sociale. Ainsi, lors de cette 8ème édition de la rencontre annuelle de la Fédération nationale des agents et courtiers du Maroc (FNACAM), organisée à Casablanca le jeudi 6 juin, les acteurs du secteur ont exprimé leurs appréhensions et leurs revendications au patron de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS), ainsi qu’à celui de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), et aux régulateurs du secteur, comme la FMA (Fédération Marocaine des Assurances).

Farid Bensaid, président de la FNACAM, explique en introduction de cette rencontre: «Ce passage à l’AMO, qui se fera sûrement dans les prochaines années impactera sérieusement les intermédiaires d’assurance dont le portefeuille comprend majoritairement de “la maladie”. Il est crucial que nous anticipions ce changement et que nous nous adaptions pour ne pas laisser sombrer ces intermédiaires.» Il explique également par la suite les différentes inquiétudes de la profession d’intermédiaire d’assurance, déjà ballotée dans un contexte macro et micro économique turbulent. Il explique que les chiffres sont là, sur les 1967 intermédiaires, 74% des 1494 agents et 65% des 473 courtiers encaissent moins de 1 million de Dhs de commission. Ces derniers ne sont pas exposés directement à la transition de l’AMO, car leur portefeuille porte principalement sur l’automobile. Mais il n’empêche qu’ils ont du mal à vivre et à payer leurs charges.Par contre, ils le seront par la digitalisation, qui est un autre sujet. Les autres distributeurs, qui sont au dessus de 1 million de commissions encaissées seront les principaux perdants de ce passage à l’AMO. Des zones de perturbations, seront fortes, car avec ces chiffres, on estime que certains intermédiaires d’assurance devront perdre jusqu’à 30% de leur chiffre d’affaires suite à cette transition. Face à tous ces points inquiétants, Farid Bensaid a demandé à reporter ce passage à l’AMO jusque 2029 pour bien s’adapter à ces changements brusques.

Une mélodie qui sonne faux de par le manque à gagner

Cette généralisation est un manque à gagner pour les assureurs et distributeurs, évalué à 357 Mdhs, sans oublier la problématique des emplois dédiés à la branche santé. Ces derniers demandent, lors de cette rencontre, de supprimer la taxe de 14% sur les produits d’assurance complémentaires, car ce sont les seuls produits qui resteront dans le catalogue des assureurs une fois la généralisation totalement mise en place. Le volume des complémentaires est évalué à 70 Mdhs, une mauvaise note pour la commission des assureurs et distributeurs. Aussi, pourquoi, la CNSS ne paye pas de taxe sur les cotisation, alors que les assureurs sont encore soumis à une TVA jugée indue.

Quoiqu’il en soit, Les compagnies devront s’adapter pour gérer les cotisations et les prestations des assurés qui basculeront vers l’AMO. Cela nécessitera des changements dans leurs processus internes et une coordination étroite avec la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS). Ainsi, le dossier de l’AMO risque d’intensifier la concurrence entre les compagnies d’assurances. Elles devront revoir leurs stratégies tarifaires pour rester compétitives, tout en tenant compte des nouvelles réglementations. De plus, Les compagnies devront s’assurer que les assurés ne connaissent pas de rupture de couverture lors de la transition vers l’AMO. Elles pourront proposer des contrats complémentaires pour maintenir un niveau de protection élevé.

Monsieur Mohamed Hassan Bensalah, président de la Fédération marocaine de l’assurance (FMA) prévient que “le transfert de l’Assurance Maladie de base, de nos 1.400.000 assurés, vers la CNSS, n’est pas réjouissant pour notre secteur. Je ne cesse de le répéter, ce transfert ne se fera pas sans dégâts, pour toutes les parties prenantes, que ce soit les assurés, les intermédiaires ou les compagnies d’assurance.” Et de rajouter “ce ne sont pas moins de 4 milliards de dirhams de primes qui vont disparaitre, sans oublier nos nombreux collaborateurs qui sont dédiés aujourd’hui à l’assurance santé. Alors, comment occuper ces équipes sans altérer les ratios de productivité ?”.

D’autant que le salarié va aussi y perdre des plumes, de par l’augmentation du pourcentage des cotisations, car il faudra payer plus sur la masse salariale en HT pour basculer vers la CNSS. Une estimation de 1% en plus est avancée pour les entreprises et salariés, sans tenir compte du coût de la complémentaire et celui des couvertures décès et invalidité.

Aux détours des entretiens, avec messieurs Farid Bensaid, Président de la FNACAM, et Bachir Baddou, Vice Président de la FMA, on nous apporte un peu de soleil avec les contrats épargne et prévoyance qui permettent aussi d’apporter compléments aux entreprises et particuliers sur l’accompagnement de solutions assurantielles de qualité.

2 systèmes différents

De plus, les principaux enjeux pour les salariés avec la transition vers l’AMO sont la gestion des cotisations, la couverture médicale et la généralisation de la protection sociale. Ces enjeux nécessitent une gestion efficace et une coordination entre les acteurs pour garantir une transition réussie et une meilleure protection sociale pour tous. La CNSS assure avoir les moyens de gérer tous ces aspects, même si à ce jour, certains laissent entendre une évaluation, non vérifiée, d’à peu près 13% des cotisations CNSS qui seraient en impayés. Quoiqu’il en soit, une certitude est là, dans le système CNSS, il n’y a pas de limitation d’âge de l’assuré, et certains risques lourds sont pris en charge intégralement. Chez les assureurs, les remboursements peuvent être plus importants, mais avec des contraintes de contrats de par des conditions générales et particulières très affirmées.

François olivier Edime – 212assurances – 08 juin 2024

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