Assurance : le secteur malmené par la crise sanitaire

Les assureurs nationaux ont dû s’adapter, réinventer leur approche stratégique tout en s’assurant de la continuité de leurs activités.

La crise sanitaire plombe plusieurs secteurs d’activité. Celui des assurances n’est pas en reste. Bien que les performances financières des principaux acteurs de ce marché aient été altérées par les effets de la Covid-19, les compagnies ont fait preuve d’agilité et ont rivalisé d’ingéniosité afin de maintenir le cap. Résultat, les assureurs présents sur le marché marocain ont réussi à tirer leur épingle du jeu durant le premier trimestre 2020, selon les chiffres de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS). «Comme l’ensemble des secteurs, celui de l’assurance a été significativement impacté par la crise de la Covid-19 et l’est toujours. C’est principalement la baisse de la collecte d’épargne et la chute des marchés actions qui touchent le secteur pour l’instant», assure Christophe Buso, directeur général de Saham Assurance.

Résultats moroses

Les assureurs ont su garder le cap malgré la crise, en réalisant une timide croissance de 4,6% par rapport à la même période de l’année précédente, selon les dernières statistiques livrées par le régulateur du marché. Ainsi, l’ensemble du secteur a enregistré un chiffre d’affaires de 27,32 MMDH, performance essentiellement tirée par la non-vie. Justement, cette modeste performance fait ressortir plusieurs disparités en ce qui concerne les segments de l’assurance. Certaines branches ont maintenu une croissance continue durant le premier semestre, comme les assurances Incendie et éléments naturels (16,9%) ou encore l’assurance Transport (3,5%). En revanche, d’autres branches ont été heurtées de plein fouet par les effets de la crise sanitaire, notamment l’assurance Automobile (-4,1%), l’assurance Assistance-crédit-caution (-7,6%) et l’assurance Accidents du travail et maladies professionnelles (-4,2%). Il est à noter que ces trois segments à eux seuls représentent plus des deux tiers de la branche non-vie. Cette branche assure elle-même 52,3% du total du chiffre d’affaires du premier semestre 2020. Dans sa note de statistiques, l’ACAPS relève que la garantie «Évènements catastrophiques», obligatoire depuis début 2020, a permis au secteur de réaliser un chiffre d’affaires additionnel de 270 MDH. Rappeleons que cette garantie s’applique à un ensemble de contrats d’assurance ; elle a été adoptée pour indemniser les victimes ayant subi des dégâts, qu’ils soient corporels ou matériels, suite à des catastrophes naturelles (inondations, tremblements de terre, tsunamis…) ou des dommages occasionnés par «l’action violente de l’homme» (terrorisme, émeutes…). Par ailleurs, l’ACAPS note que la grande majorité du chiffre d’affaires des opérateurs a été réalisée en affaires directes (25 MMDH, soit 91,7%). Par ailleurs, les acceptations en réassurance ont généré 2,26 MMDH avec une part de 8,3%. Cette catégorie a donc enregistré une bonne performance, affichant une progression de 58,8% par rapport au premier semestre 2019.

Adaptation à la crise

Au-delà des chiffres et des réalisations financières, les acteurs de l’assurance ont dû composer avec une situation inédite inhérente à la crise sanitaire. L’objectif depuis mars dernier était d’assurer la continuité d’activité, de rester au plus près des clients et donc d’éviter le pire. Dans ce sens, les opérateurs ont cherché par tous les moyens de nouvelles formes de management, de gestion et ont mis en place des procédures pour demeurer proches de leur clientèle. «Notre innovation s’est avant tout traduite en agilité. En effet, soucieux de maintenir la continuité de nos activités au profit de nos clients Particuliers et Entreprises, malgré un contexte de crise, nous avons su adapter en un temps record l’ensemble de nos process afin de permettre à nos assurés de continuer de bénéficier de nos services et de réaliser un maximum d’opérations à distance», explique le directeur général de Saham Assurance. À titre d’exemple, la filiale de Sanlam a simplifié la procédure de dépôt des dossiers de prise en charge pour ses assurés santé, permettant à ceux-ci de les soumettre de manière dématérialisée. Saham Assurance a aussi convenu avec toutes les cliniques d’admettre les assurés sur la base des accords de prise en charge dématérialisés, outre les nombreux aménagements et mesures exceptionnelles très rapidement mis en place pour soulager les assurés et leur permettre, par exemple, de continuer à bénéficier de certaines couvertures (Incapacité/invalidité, Décès, Tous risques chantiers…) gratuitement pendant le deuxième trimestre.

Si des mesures exceptionnelles ont été mises en place pour assurer la continuité du secteur des assurances, les mois à venir devraient être encore plus durs pour les compagnies. En effet, la morosité ambiante ne risque pas de s’estomper de sitôt. Dans cette perspective, le directeur général de Saham Assurance assure que «dans les mois à venir, il est fort probable que le secteur continue à vivre des moments difficiles. Cependant, comme toute crise, cette situation génère également une opportunité importante à saisir : celle d’optimiser nos process et d’innover le plus possible, afin de sortir de cette crise grandis, et surtout d’offrir à nos clients des solutions adaptées et une qualité de service irréprochable».

Sanae Raqui / Les Inspirations éco Docs – LesEco.ma

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