Assurance à la demande: Et si nous ne payions que ce que nous consommons … (Partie II)

Parmi les applications les plus prometteuses, il y a l’assurance à la demande ou à l’usage. Pouvoir payer en fonction de sa consommation.

Le secteur des assurances a la réputation d’être une industrie conservatrice et résistante aux
changements. Néanmoins, on assiste ces dernières années à une période où de nombreuses
tentatives tentent de bousculer l’ordre établi, et de proposer de nouveaux produits. La disponibilité de plusieurs technologies de pointe (Smart Contracts, intelligence artificielle, big data, Internet des objets…) en même période contribue à alimenter cette dynamique.

Cette évolution répond à un besoin précis et compréhensible des Assurés

Pourquoi la prime d’assurance n’évolue-t-elle pas instantanément en fonction de l’usage qu’on fait de l’objet assuré ? Surtout pour des produits qu’on utilise de façon discontinue.

Répondre à ce besoin pose principalement deux problématiques aux assureurs:
1- Comment les compagnies peuvent connaitre le temps réel de l’utilisation des objets ?
2- Supposons qu’elles accèdent à ces données d’utilisation. Comment gérer ce flux
d’informations qui risque d’être important ? Et comment effectuer les changements nécessaires aux contrats d’assurances ?

Le premier obstacle est en passe d’être résolu avec l’avènement de l’internet des objets. L’évolution des infrastructure réseaux (5G) permettront dans un futur proche le déploiement massif et l’utilisation efficace de ces objets connectés. Ceci notamment au Maroc.

La deuxième problématique se résout avec les “Smart contracts“. Ces derniers sont capables de gérer un nombre important de changements des données d’utilisation de la part des usagers. Et du coup, les paiements seront adaptés à la nouvelle utilisation des usagers.

Comment cela fonctionne ?

Plusieurs schémas de fonctionnement existent pour ce type d’assurance. Mais globalement, ces schémas suivent les étapes suivantes:

  • Généralement l’assuré paie un montant fixe et modéré, qu’on peut qualifier comme abonnement, et qui permet d’accéder au service ou avoir une assurance de base.
  • Des objets connectés sont alors installés chez les assurés. Ils sont fournis par l’assureur, mais peuvent être aussi homologués et vendus dans le commerce. Ces objets envoient les données d’utilisation par les clients aux assureurs et demandent ainsi des changements dans le contrat d’assurance. Ces changements concernent le début ou l’arrêt de la couverture, une modification de garanties, l’activation d’une extension de garantie, ou autres …
  • Les programmes automatisés des Smart contrats s’exécutent ensuite et assurent le traitement des termes contractuels de l’assurance.
  • Le règlement des primes peut être envoyé directement sous forme de micro-paiements par les objets connectés. Il faut un équipement spécifique pour effectuer ce genre d’opérations. On peut aussi facturer la prestation à l’assuré d’une façon périodique (comme un opérateur télécom pour les communications téléphoniques à la seconde).

A noter que l’utilisation des contrats classiques pour ce type d’assurance est théoriquement possible. Mais c’est irréalisable en pratique, car les compagnies auraient à gérer une quantité d’information colossale et des milliers de micros paiements de la part de chaque client. Le coût de gestion serait du coup supérieur aux bénéfices.

Exemple Pratique : Cuvva

Cette nouvelle façon d’offrir l’assurance intéresse déjà beaucoup de monde dans le secteur. D’un côté les assureurs traditionnels innovent en offrant de nouveaux produits à leur clients. D’un autre coté de nouveaux acteurs essaient de bouleverser l’ordre actuel du marché.

On peut citer, par exemple, La société britannique Cuvva qui est une startup créée en 2016. Sa niche est la spécialisation dans l’assurance Auto flexible et Smart. Elle compte déjà plus de 5 millions de contrats vendus et plus de 650000 clients actifs.

Parmi ses produits innovants on peut citer:

  • L’assurance temporaire: La couverture peut être de courte durée, comme à partir d’une heure. La gestion et l’activation sont entièrement dématérialisées à travers le Smartphone du client.
  • La tarification Intelligente « Smart Pricing »: L’assuré paie une prime mensuelle. Cette prime est calculée suivant l’utilisation du véhicule. La façon de conduire est également prise en compte, c’est le concept «Pay as you drive». Ainsi, une bonne conduite peut générer une réduction de 30% de la prime selon l’assureur. Les mesures de bonne conduite reposent sur plusieurs paramètres comme la vitesse, le freinage, les accélérations, l’attention du conducteur, ou autres …

Tous les acteurs du secteur expérimentent la création de nouveaux produits à la demande. Cela demande un investissement colossal. Le but est de cibler les nouvelles générations. Elles ont des habitudes de consommation qui changent rapidement. Cette génération ne veut payer que ce qu’elle consomme réellement. On retrouve ce concept avec l’assurance Française Amaguiz, qui montrait dans une publicité la possibilité de n’acheter qu’une partie de ce que l’on veut

Jean Rochefort publicité Amaguiz

Néanmoins les premières tentatives dans ce domaine montrent déjà que leur modèle économique ne peut être soutenable qu’avec un grand volume de transactions. Ainsi, on peut parier que le décollage de “l’assurance à l’usage” passera en premier par l’utilisation de grandes plateformes électroniques ou l’assurance est embarquée avec d’autres produits complémentaires.

13 juillet 2022 – Saad Slaoui – Ingénieur Télécom, MBA –

Agent Général d’assurance AXA Assurance Maroc


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